Expériment de pauvreté : Vivre un mois à Ma Maison

Du solide ! Voilà le mot qui résume le mieux mes impressions, en découvrant mon lieu d’accueil pour l’expériment de pauvreté. Ma Maison de Valenciennes, maison des Petites Sœurs des Pauvres, semble être plantée là pour l’éternité. Les constructeurs nordiques devaient être sûrs de leur art lorsqu’ils élevèrent, voici 152 ans, la vénérable bâtisse, avec …

L’ « expériment » de pauvreté.

Au mois de janvier, après avoir fêté la naissance du plus pauvre d’entre les pauvres, de Celui qui s’est abaissé jusqu’à partager la vie des plus humbles, nous allons partir aux quatre coins de la France, pour un « expériment de pauvreté ». Répartis dans des communautés telles que l’Arche, le Rocher, Bernadette, ou dans les maisons de retraite des Petites Sœurs des Pauvres, nous allons partager à la suite de Jésus, la vie de personnes fragilisées par la vie. Personnes âgées, handicapées ou malades, familles déracinées vivant dans nos banlieues. Pendant un mois, nous allons être confrontés à des réalités que parfois nous connaissons peu.

Pourquoi ce temps d’ « expériment de pauvreté» nous est-il proposé cette année ? Pourquoi quitter un lieu qui commence à nous être familier –la maison Charles de Foucauld- pour aller vers l’inconnu ?

Parce qu’il nous faut nous aussi expérimenter notre pauvreté, nous rendre compte de ce que nous sommes réellement. Non pas des super-héros sélectionnés pour leurs capacités et leurs talents, mais des pécheurs pardonnés.

Déjà ici à Saint-Pern, cela nous apparaît peu à peu, jour après jour : à travers les aléas de la vie communautaire, les tensions qui peuvent survenir entre nous. A travers notre difficulté à rester fidèle à la prière. A travers tous ces évènements qui bien souvent nous dépassent, nous expérimentons combien nous sommes limités. Mais nous croyons que Dieu le Père nous appelle ainsi, qu’Il ne s’arrête pas à nos défauts. Cette reconnaissance de notre pauvreté, cette acceptation de nos limites, est condition de notre croissance. En effet Jésus est venu pour les malades, non pour les bien-portants. Il s’adresse au cœur de celui qui reconnaît avoir besoin du Médecin.

Partir un mois auprès de personnes handicapées ou de familles usées par les évènements de la vie, c’est partir à la rencontre de personnes qui ne sont pas satisfaites par elles-mêmes, mais qui quémandent la présence d’amis pour être heureuses. Les personnes qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme ont soif d’une présence aimante. Nous essaierons d’être comme Saint Jean ou Marie au pied de la croix du Christ souffrant : une présence aimante. Par notre présence discrète, nous pourrons dire à cette femme handicapée, à ce jeune désorienté : « Tu n’es pas seul, me voici pour toi. Ta vie ne m’est pas indifférente. Ta souffrance ne m’est pas indifférente. Rien de ce qui fait ta vie n’échappe à l’attention amoureuse de Dieu, à la miséricorde du Christ. En venant vivre près de toi, je veux te le témoigner. »

Article de V.D.

 

Pèlerinage de rentrée au Mont Saint-Michel

Enfin voici la rentrée tant attendue. « Nazareth », le nouveau bâtiment, est encore en construction. Les environs sont boueux, les engins de chantiers bloquent les allées, la rubalise® encercle les zones dangereuses, les panneaux solaires laissent pendre leurs cordons de raccord au réseau électrique… Mais qu’à cela ne tienne, douze chambres sont déjà habitables, au sens où tout est fonctionnel hormis le chauffage géothermique. Pour de futurs locataires vigoureux et volontaires, c’est un détail en ce début d’octobre 2009 plutôt ensoleillé… Quant à la nouvelle chapelle, elle se remplit peu à peu du mobilier liturgique essentiel et devrait bientôt pouvoir accueillir comme il se doit la présence réelle de Notre Seigneur.

Quelques petits hectares plus loin, une bagatelle à bicyclette, la « Sainte Famille » abrite un réfectoire et plusieurs autres chambres. C’est un lieu fort agréable qui sera le théâtre de nos premiers repas. Ce sera aussi le lieu de couchage de plusieurs d’entre nous, jusqu’à ce que Nazareth soit déclaré opérationnel pour les dix-neuf jeunes gens venus vivre cette fameuse « année de fondation spirituelle ».

Cette année est un commencement. Quoiqu’il arrive, c’est le socle sur lequel chacun travaillera à bâtir le projet personnel que Dieu veut pour lui. D’une manière très symbolique, la construction non achevée de Nazareth est une illustration très concrète de ce commencement…

Les bagages à peine déposés dans nos chambres, nous nous retrouvons pour l’office du milieu du jour. L’année démarre dans la prière. Nous sommes bien en fondation spirituelle ! Les premières psalmodies sont bien sûr un peu chaotiques mais “là où deux ou trois sont réunis en son nom, le Seigneur est présent ». Or nous sommes vingt, en comptant le Père Olivier, notre supérieur…Nous pouvons donc confier avec ferveur l’année à venir.

Puis prestement, car il se fait faim, nous rejoignons la Sainte Famille pour le déjeuner, occasion d’un premier contact avec nos camarades de discernement. Nous faisons aussi plus amplement connaissance avec les pères Olivier Roy, Denis Bourget, Bernard Tenailleau et Monseigneur Marcus, nos accompagnateurs dans cette aventure. Enfin, animés d’une joie non dissimulée, nous nous délectons des plats de Sœur Claude, fine et dévouée cuisinière de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres.

En effet, les quelques hectares dans lesquels nous évoluons sont la propriété de la maison-mère de cette bienheureuse congrégation, en service auprès des personnes âgées depuis plus d’un siècle. Et prêtes à se mettre en quatre pour contribuer à la formation de potentiels futurs prêtres de Jésus Christ.

Après avoir rendu grâce pour tout cela, nous filons faire nos sacs, direction…le Mont St Michel, pour quatre jours de pèlerinage de rentrée.