Un petit village d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Petit village breton sûrement proche de Saint-Pern. Leur secret : une potion magique préparée par leur druide Panoramix. Nous aussi, dans un monde déchristianisé, passons pour une poignée d’irréductibles jeunes, et nous aussi nous nous appuyons sur une potion magique qui donne une force surhumaine : une retraite spirituelle. A la différence des gaulois, la nôtre n’est pas secrète.
Le premier ingrédient est le silence. Un long et unique silence de six jours, sans téléphone ni Internet, sans film ni radio, sans discussion ni débats. C’est un silence précieux pour chercher Dieu. Quel ami invite-t-on alors qu’on fait autre chose, qu’on pense à autre chose ou parle à quelqu’un d’autre ? Vexé de cette attitude, il partirait déçu. Pour être tout à lui, nous avons suspendu nos activités, nos digressions et nos discussions, et dans un profond silence, nos oreilles se sont tendues et nos bouches se sont tues. Pour une fois dans nos vies débordantes, le Christ seul a eu la parole.
Dans ce premier ingrédient, s’est dissout le second : Les enseignements d’un bon prédicateur, venus bousculer nos évidences et consolider nos hésitations. Quelle joie de découvrir que la prière n’est pas seulement un monologue humain ! Qui donc invite un ami sans jamais lui laisser la parole. Alors les silences de nos lèvres sont devenus des silences des coeurs où Dieu pouvait frapper et entrer, écouter et parler, regarder et se taire. En six jours, Dieu s’est tu et, près de nous, a veillé en silence, simple compagnie rassurante.
Du troisième ingrédient, l’on n’aurait pas pu se passer : La Bible. Elle n’a pas donné de la saveur à notre retraite, ni même un goût particulier, elle lui a donné toute sa force et sa puissance. C’est depuis la Bible que les paroles ont jailli, sont arrivées à notre tête et y ont éclos. Rarement, les passages médités ont déçu, toujours ils ont apporté du fruit, parfois petit comme des Litchis, parfois imposants comme des pastèques, mais les fruits les plus gros n’étaient pas toujours les plus savoureux, et un succulent litchi valait mieux qu’une fade pastèque. Alors Bible en main et silence en tête, nous sommes partis à la rencontre de Dieu, sans oublier le dernier ingrédient pour ce remède de la vie spirituelle.
Pour achever cette recette, la journée de désert complet était nécessaire. Il fallait laisser reposer cette potion une journée entière. Au soleil de Dieu, le levain déposé par sa parole a gonflé. A la lumière de la plus grande solitude, nous avons vu grandir ce que Dieu avait déposé en chacun de nous. Et petit à petit, les gorgées de cette délicieuse potion ont vivifié en nous notre désir d’aller plus loin encore retrouver Dieu.
Antoine MEUNIER