Au « cœur du réacteur »…

Le dernier article sur le témoignage des trente jours, sera sans doute celui qui fera voyager le plus loin. Enfin tout est relatif, c’est dans le pays frontalier de la Belgique que la retraite de Saint Ignace a été vécue pour ces Foucaldiens. 

Faire une retraite, prendre un temps pour faire cesser le rythme travail-loisirs-repos et se remettre devant Celui qui nous fait vivre. Un week-end passe encore. Une semaine, les réticences émergent à cause de la durée. Mais trente jours… Le mot « impossible » vient spontanément à l’esprit. Comme si les Exercices de Saint Ignace devaient durer suffisamment longtemps pour que le choc intérieur soit d’autant plus rude. « No sense ! » aurait-on envie de dire…

Fort heureusement, dans les faits, la réalité a été tout autre. Rien que sur le chemin du retour, dans le train, en échangeant nos impressions, c’est le cœur léger que nous avons partagé quelques mots sur cette expérience.

Le lieu nous a sans doute bien aidé. Ce sont sur les hauteurs de la ville de Namur, que les jésuites du centre spirituel Notre-Dame de la Pairelle nous ont accueillis. Le parc verdoyant, fleuri par le début du printemps, a favorisé un climat paisible pour la contemplation.

En effet, chaque jour, un texte de la Bible nous est proposé pour une méditation à faire dans le calme. Les yeux rivés sur la Parole de Dieu, on entre progressivement dans l’intimité de la vie du Christ. La prière nous rend acteur de ces événements. Par exemple, avec la scène de la Nativité, il est possible de s’imaginer comme l’un des bergers présents auprès du nouveau-né. De fait, on pourra être porté à s’émerveiller devant cette Sainte Famille, sous le ciel étoilé de Bethléem. La prière avec Saint Ignace, nous rend vraiment libres de prendre la façon de prier qui nous convient le mieux.

Et ainsi de jour en jour, en creusant en profondeur ces passages des évangiles, le Christ vient nous rejoindre. Il suffit d’un mot, d’une expression pour se sentir touché personnellement. Cumulées les unes aux autres, toutes ces lumières sont la source d’un renouveau profond.

Des petites touches agréables ont ponctué le chemin de contemplation. Nos trente jours ont aussi été la visite de la fameuse abbaye de Leffe pendant une journée de repos. Côté table, ils ont aussi eu le goût des quelques frites mangées pendant une correspondance en gare de Bruxelles sur le chemin du retour. Pour nous, les trente jours de Saint Ignace, en pays belge, c’était aussi ce côté « off » !

Côtoyer le Christ à travers les Ecritures nous a donc fait grandir pendant ces 30 jours. Dans le style du pape François, la fin d’une homélie d’un jésuite du centre spirituel donne un bon résumé de cette expérience : « Le christianisme, ce n’est pas un supermarché où il faudrait acheter du religieux comme des boîtes de conserve dans les paroisses. Non, le christianisme, c’est une centrale nucléaire, et vous, vous avez été plongés au cœur du réacteur. » Fort heureusement, à voir les visages des uns et des autres lors des retrouvailles en gare de Rennes, les radiations avaient plus l’allure de sourires qu’autre chose…

 

Damien GUIHAIRE et Emmanuel PASSARD