Au mois de janvier, après avoir fêté la naissance du plus pauvre d’entre les pauvres, de Celui qui s’est abaissé jusqu’à partager la vie des plus humbles, nous allons partir aux quatre coins de la France, pour un « expériment de pauvreté ». Répartis dans des communautés telles que l’Arche, le Rocher, Bernadette, ou dans les maisons de retraite des Petites Sœurs des Pauvres, nous allons partager à la suite de Jésus, la vie de personnes fragilisées par la vie. Personnes âgées, handicapées ou malades, familles déracinées vivant dans nos banlieues. Pendant un mois, nous allons être confrontés à des réalités que parfois nous connaissons peu.
Pourquoi ce temps d’ « expériment de pauvreté» nous est-il proposé cette année ? Pourquoi quitter un lieu qui commence à nous être familier –la maison Charles de Foucauld- pour aller vers l’inconnu ?
Parce qu’il nous faut nous aussi expérimenter notre pauvreté, nous rendre compte de ce que nous sommes réellement. Non pas des super-héros sélectionnés pour leurs capacités et leurs talents, mais des pécheurs pardonnés.
Déjà ici à Saint-Pern, cela nous apparaît peu à peu, jour après jour : à travers les aléas de la vie communautaire, les tensions qui peuvent survenir entre nous. A travers notre difficulté à rester fidèle à la prière. A travers tous ces évènements qui bien souvent nous dépassent, nous expérimentons combien nous sommes limités. Mais nous croyons que Dieu le Père nous appelle ainsi, qu’Il ne s’arrête pas à nos défauts. Cette reconnaissance de notre pauvreté, cette acceptation de nos limites, est condition de notre croissance. En effet Jésus est venu pour les malades, non pour les bien-portants. Il s’adresse au cœur de celui qui reconnaît avoir besoin du Médecin.
Partir un mois auprès de personnes handicapées ou de familles usées par les évènements de la vie, c’est partir à la rencontre de personnes qui ne sont pas satisfaites par elles-mêmes, mais qui quémandent la présence d’amis pour être heureuses. Les personnes qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme ont soif d’une présence aimante. Nous essaierons d’être comme Saint Jean ou Marie au pied de la croix du Christ souffrant : une présence aimante. Par notre présence discrète, nous pourrons dire à cette femme handicapée, à ce jeune désorienté : « Tu n’es pas seul, me voici pour toi. Ta vie ne m’est pas indifférente. Ta souffrance ne m’est pas indifférente. Rien de ce qui fait ta vie n’échappe à l’attention amoureuse de Dieu, à la miséricorde du Christ. En venant vivre près de toi, je veux te le témoigner. »
Article de V.D.