Le nom “montfortain” donne encore des cauchemars à certains anciens Foucaldiens et son évocation suffit à réveiller de vieilles blessures d’honneur que le temps peine à cicatriser. Montfortains et Foucaldiens s’affrontent régulièrement depuis des années sur le terrain de football : autant de rencontres qui sont autant d’humiliations pour la maison Charles de Foucauld. C’est donc avec une certaine gravité (mais néanmoins avec une joie véritable !) que nous sommes allés visiter la maison natale de Saint Louis Marie à Montfort.
Cette maison abrite aujourd’hui l’un des noviciats de la congrégation des pères de Montfort. Le noviciat est cette année comme souvent aux accents africains. Karim, Robert et Elisée les trois novices congolais attendent leurs compères malgaches qui doivent les rejoindre prochainement. Nous avons donc fait connaissance avec cette congrégation de missionnaires qui a essaimé dans une quarantaine de pays.
Leur fondateur, saint Louis-Marie était un fou, un fou de Dieu brûlé d’amour pour les pauvres. Prêtre itinérant, prédicateur infatigable, il était capable d’attirer 13 000 personnes en procession et de construire à la sueur du front une dune pour y ériger un calvaire. Un jour que sa propre famille, bretonne et bourgeoise, l’invite à dîner, il n’accepte de venir qu’à la condition d’amener avec lui ses amis. Sa famille concède donc de les recevoir aussi, probablement en pensant à des confrères prêtres. Quelle ne fut pas leur surprise en voyant que ceux qu’il appelle ses amis, ce sont en réalité les mendiants, les aveugles, les boiteux. Voilà donc ce ramassis de pauvres attablés à la table familiale dans l’argenterie et la porcelaine. Louis-Marie, lui, avait revêtu le tablier et il les servait.
Du père de Montfort on connait souvent la devise “Tous à Jésus par Marie”. La clé du tabernacle de la chapelle de la maison natale est marquée d’un “M” pour “Marie”. Marie est la clé qui nous ouvre le cœur de son fils. C’est le secret de la sainteté pour Grignon de Montfort, la voie facile pour aller au Christ car quand l’Esprit Saint voit Marie présente dans une âme, il s’y précipite. Livrons nous donc tout entier à Marie, puisse t-elle conduire Karim, Robert et Elisée et chacun de nous jusqu’à Jésus ! Mais avouons-le, il nous arrive avant nos temps de sport de faire à Marie une prière moins pieuse : battre enfin ces indomptables joueurs africains.
Paul DAVID
Souvenir de notre première rencontre avec les novices :