L’expériment de pauvreté

Un mois pour aller à la rencontre de son prochain, ou de l’importance de la charité.

Le mois de janvier est pour les jeunes de la Maison l’occasion de vivre un « expériment de pauvreté ». Le terme d’« expériment » renvoie à la spiritualité ignacienne. Le terme de “pauvreté” vient quant à lui de la rencontre du prochain, potentiellement moins favorisé physiquement, matériellement et/ou socialement. Concrètement, il s’agit d’un mois de service charitable passé comme bénévole auprès d’une œuvre agissant en faveur de personnes handicapées mentales ou physiques, de personnes âgées de toutes conditions, venant d’Agen, de Saint-Denis, des quartiers en banlieue de Paris, Lyon, Marseille… La tâche auprès des jeunes, des adultes ou des aînés est toujours modeste au regard des besoins du monde, mais elle prend tout son sens devant le Christ : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Pour beaucoup d’entre nous, c’est l’occasion de découvrir une région et un environnement méconnus. La rencontre avec le prochain ne se fait pas forcément dans l’allégresse perpétuelle, même spirituellement, mais c’est pourtant l’occasion de confirmer en pratique que « la vie quotidienne est le lieu idéal de la rencontre de l’homme avec Dieu, la matière première de notre sanctification. Chacun de nos instants est une manifestation de l’amour de Dieu pour nous » (P. Romain Massol – Vers la sainteté avec Saint Thérèse de l’Enfant-Jésus).

Le rythme proposé par la Maison est délibérément bouleversé. La rencontre avec Dieu se fait alors physiquement à travers le prochain, mais aussi dans la prière personnelle qui prend une autre dimension loin des murs et des pairs de l’année de fondation spirituelle. En outre, la découverte de l’association ou de la communauté d’accueil surprend souvent, enrichit toujours, et déstabilise parfois. Cette combinaison d’éléments se révèle potentiellement déroutante, au moins au début : c’est un passage obligé mais formateur.

L’intégration du nouveau rythme et la prise de repères au sein de la structure d’accueil permettent de surmonter les difficultés des premiers jours. C’est lorsque l’on a trouvé sa place que l’on profite pleinement de cet expériment : l’action qui était préalablement nécessaire pour s’en aller rassuré, justifié, à la rencontre du prochain, cède la place à la charité fraternelle. On se rend alors compte que la relation que l’on pensait unilatérale (de soi envers le prochain) est en fait un échange où le prochain, à la mesure de ses moyens, donne lui aussi de la reconnaissance à travers sa gratitude, sa joie ou parfois la transmission d’une nouvelle connaissance.

La fin de l’expériment vient. Le retour au rythme de la Maison Charles de Foucauld et les retrouvailles avec les membres de la communauté peuvent être attendus, mais quitter son prochain ne se fait pas sans verser une larme sur son visage ou dans son cœur. Mais on part en sachant que la finalité de l’expériment n’est pas de poursuivre celui-ci indéfiniment mais d’en sortir fortifié, éclairé, et expérimenté pour accomplir au mieux, un jour, sa vocation.

Quelques témoignages d’expériments de pauvreté :